Rencontre avec
Steffen Kuttner
Rencontre avec Steffen Kuttner
Steffen Kuttner, facteur de flûte de pan
Steffen Kuttner, facteur de flûte de pan en Allemagne à Fischach dans la Région du Munich nous chaleureusement accueilli dans son atelier de conception. Il nous a fait essayer quelques unes de ses flûtes et a partagé avec nous ses souvenirs et sa conception du métiers de facteur de flûtes de pan.
Il nous a donné quelques tyaux en matière de facture de flûtes de pan... l’occasion pour nous d’en apprendre un peu plus sur cet instrument.
Steffen est charpentier de métier. Le travail du bois, le soin et la précision des finitions, c’est son métier ! Il est tombé amoureux du son et du timbre de la flûte de pan en assistant à un concert de Flûte donné par Zamfir il y a 40 ans. Il cherchait une flûte à l’époque et n’en ayant pas trouvé, il dut finir par la fabriquer lui même.
Ami avec Ulrich Herkenhoff, virtuose allemand de la Flûte de pan, celui ci lui confie ses idées, ses besoins en matière de son et leur travail mis en commun a permis d’aboutir à la conception de flûtes de grandes qualité.
Steffen Kuttner propose une multitude de flûtes de pan, spécifiquement étudiées pour l’utilisation que chaque flutiste, amateur ou professionnel pourra en faire. Ainsi il propose une gamme de flûtes d’études conçues pour être les plus légères possibles, avec une embouchure adaptée à la pratique du débutant et un bambou de grande qualité. Il apporte un grand soin à la réalisation de ses flûtes.
De même, l’ensemble des flûtes requiert des phases de séchage en intérieur et en extérieur qui allongent le temps de conception mais assurent à la flûte sa longévité future.
Le bambou de Tonkin
Les bambous utilisés sont importés de Chine et soigneusement sélectionnés. Il utilise deux types de bambou :
Le bambou traditionnel solide et léger avec une lumière large qui pousse en pleine.
Le bambou de Tonkin qui est une variété spécifique qui pousse en altitude. Il est particulièrement dur, rigide avec une lumière pleine et qui nécessite un travail tout particulier. Il nous a fait la démonstration d’entrechoquer deux pièces de bambou de Tonkin, et on aurait cru entendre le bruit créé par la collision de deux roches.
Sur une des photos de la gallerie souvenir, vous pouvez voir la tranche du bambou de tonkin et en déduire l'importance du travail réalisé pour aboutir au travail fini de nos flûtes.
Il nous a fait essayé une flûte alto résultant du travail de ce bambou. Le son était particulièrement fin, timbré, riche, facile d’émission ; le son de la flûte de pan à l’état pur comme on l’aime.
Le travail de ce bambou nécessite une attention toute particulière. Il faut le forer à l’intérieur, le poncer à l’extérieur, le faire sécher en extérieur et en intérieur à plusieurs reprises. C’est un travail de grande minutie qui requiert plusieurs mois pour la production d’une seule flûte.
Il faut savoir cependant que compte tenu de la rigidité du bambou et malgré le travail réalisé pour affiner la canne, les flûtes en bambou de Tonkin seront plus lourdes que les flûtes en bambou traditionnel.
En matière d’embouchure, il a fait le choix de bien prononcer le biseau extérieur pour un jeu plutôt légèrement incliné mais il peut réaliser, à la demande, l’embouchure qui vous convient.
Il nous a fait essayer d'autres modèles d'embouchure très spécifiques, commandés par des flûtistes réputés et on comprend qu'à chaque flûtiste, une préférence de jeu, une flûte, un son….
En effet, il existe autant d’embouchures que de flutistes différents selon la couleur que l’on veut donner au son et la position qui nous semble la plus confortable. A chacun de savoir ensuite déterminer la sienne avec un peu de bouteille...
En matière d’entretien, il nous a confié qu’il préférait l’utilisation de l’huile de paraffine à la propolis. Il n’est pas non plus pour le nettoyage à l’alcool. Pour lui l’important est d’assurer une étanchéité parfaite de la flûte pour éviter que l’humidité n’imprègne le bois et il préfère donc pour cela utiliser une huile minérale qui ne créera pas de dépots à la différences des huiles organiques.
Concernant les tarifs, ils varient selon le type de flûte souhaitée, la tessiture, le matériau : bambou traditionnel, bambou brulé ou bambou de Tonkin et surtout selon le temps passé sur la fabrication de cette flûte. Pour plus de précision, vous trouverez des informations complémentaires sur son site internet : http://www.panfloeten-kuettner.de
Le monde de la lutherie et en particulier en matière de flûte de pan est un monde de finesse et d’art. On oublie trop souvent que lorsqu’un son vous émeut, celui de la flûte de pan en particulier, il faut y voir l’oeuvre partagée de trois artistes :
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L’art du musicien qui distille son âme, son expressivité et tant d’années de travail assidu pour faire passer l’émotion dans sa musique.
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L’art du luthier qui par amour de l’instrument et ne comptant pas ses heures de travail, lui proposera l’instrument qui lui permettra de produire sa plus belle expression.
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L’art de «Dame nature» qui confie humblement au luthier son plus beau matériau...
Nos impressions sur ses flûtes de pan
Les flûtes sont bien calibrées. L’embouchure est très soignée. Les flûtes sont légères. Le son est ample, rond et l’émission sonore facilitée permet un gain d’énergie. Les aigus sont clairs et les graves généreux.
Il propose également des flûtes en bambou brulé. Les bambous sont passés au four à haute température un temps donné avant d’être travaillés et assemblés. Ce procédé permet de réduire l’épaisseur du tube et d’en augmenter la solidité. Le procédé est délicat car il requiert une température ambiante adaptée afin de ne pas voir éclater le bambou ou se former de discrètes fentes. J’ai trouvé que le son était plus timbré sur les flûtes en bambou brûlé mais c’est un jugement très subjectif et personnel.